Je suis anormale et je l'ai toujours été sauf que par le passé, on a voulu me corriger, me réparer.

On a essayé de différentes façons :

-déjà à l'école : je n'aimais pas l'école mais je n'avais pas le choix. On me réprimandait et punissait parce que je n'écoutais pas les cours. En effet j'ai toujours beaucoup rêvé, posé plein de questions et bavardé parce que je ne comprenais pas le principe de rester assise longtemps à écouter quelqu'un parler de quelque chose qui ne m'intéressait pas. J'admirais ceux qui aimaient cela et on me disait qu'il fallait que je fasse comme eux alors j'ai essayé d'arrêter de parler pour faire ce qu'on me demandait de faire. J'ai choisi d'être une moyenne constante (avec des compliments à tous les conseils de classe), pour que chacun me laisse en paix et que je retrouve ma liberté. Cela m'a rendue timide et avec du recul, a aussi développé mon hypersensibilité : on a considéré que de rester dans son coin, ne pas aller vers les autres était une anomalie alors que c'était l'hypersensibilité.

-aussi, en tant que noire dans un pays majoritairement blanc a fait que mes parents m'ont toujours parlé d'intégration en parlant un bon français, se rapprocher le plus de la culture. Alors oui effectivement c'est important par respect pour la culture, mais là c'était excessif et surtout cela cachait en vérité des complexes.

-enfin dans le milieu professionnel : j'étais anormale de faire des choix en fonction de ce qui me plaisait pas ce qui allait me rapporter : quand j'ai pris la voie du développement personnel, quand j'ai crée AfroNaturo (c'est communautaire, ça ne va pas marcher...).

Aujourd'hui j'accepte d'être anormale car en réalité je ne suis pas une norme, quelque chose de tout tracé : je suis moi, je suis unique ! En fait c'est quoi la NORM-alité ? En neurosciences on parle tout simplement de conditionnement et les balises sont entre autre le conformisme et du coup la peur du jugement des autres, les apparences, le matérialisme, le statut social...

En réalité tout se joue dans l'estime de soi et l'identité : je n'avais pas confiance en moi et me suis réfugiée dans la timidité et je sais ce que cela m'a coûté. On dit souvent qu'un arbre qui pousse droit finit en planche.... mais quand on sait qui on est, pourquoi on fait les choses et ce qui est important pour nous, on peut se fondre dans n'importe quel conditionnement, n'importe quand et n'importe où et pour moi, c'est ça la vrai liberté et elle n'a pas de prix.

Audrey EBHENGA